mercredi 21 février 2007

La politique déserte les banlieues. On s'en doutait.

Les mairies ont été prises d'assaut en décembre dernier par les futurs électeurs pour leur inscription sur les listes électorales, à l'approche des présidentielles. Le fait a été largement couvert par la presse. Pour autant, "même s’il y a eu un mouvement plus important d’inscription en 2006, c’est la participation qui est aujourd’hui minoritaire alors que l’abstention est devenue la norme."

Ces propos de deux chercheurs partis enquêter sur le terrain des banlieues nous rappellent le fossé qui se creusent entre élus et population dans les quartiers difficiles. "Il faut bien se rendre compte de l’état de la démocratie dans un quartier comme celui des Cosmonautes : on compte 1 400 habitants, dont 700 environ sont des Français en âge de voter. Parmi eux, 500 seulement étaient inscrits sur les listes en 2002. Et au premier tour de la présidentielle, moins de 300 de ces inscrits sont allés voter. Lorsqu’on étudie les listes d’émargement sur la longue période, pour voir qui participe régulièrement, on se rend compte que le noyau dur des électeurs tombe à 150 personnes. [...] Cela se traduit de manière très concrète dans une commune comme Saint-Denis : en 2001, le maire (Patrick Braouezec) a été élu, au premier tour, avec un peu moins de 7 500 voix sur une population de 85 000 habitants ! Son prédécesseur (Marcelin Berthelot) avait, quant à lui, été élu au premier tour en 1977 avec 20 515 voix. Quand on s’intéresse aux banlieues populaires, on s’aperçoit que la France est en voie d’américanisation électorale."


Le constat est tout simplement édifiant et s'apparente à un scrutin censitaire dans un contexte où l'universalité est, théoriquement, la règle : seule une poignée d'habitants désigne ses représentants. A ce constat, deux explications :
- La plus évidente, mais la moins pertinente : "L’encadrement partisan et syndical y a totalement disparu. En cinq années d’enquête sur le quartier, nous n’avons pas rencontré un seul militant communiste."
- L'essentiel étant la "déstructuration des environnements populaires et la déstabilisation de leurs populations ! Le travail, par exemple, a longtemps constitué un espace de politisation individuelle et collective."

(source : Samizdat).

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